Tout le monde te connaît, donc on va passer les présentations et tenter de garder les lecteurs jusqu'à la fin avec, je l'espère, des questions intéressantes.
- Bonjour Jérémy ! Secret invasion a eu droit aux numéros classiques ainsi qu'à 2 sortes de variant covers. Ce genre de procédé, made in America, marche-t-il chez nous ? 2 variant covers en plus de l'édition normale, c'est pas un peu excessif ? Panini arrive vraiment écouler toutes ses diverses éditions ?
- Je n'ai pas les chiffres, mais j'imagine que ça fonctionne plutôt bien. Je pense que le meilleur indicateur sera de voir... si on remet ça pour Siege ! Mais c'est sûr, il y a un marché pour les éditions limitées. Comme quoi, c'est pas la crise pour tout le monde, hein...
- Qu'est-ce qui fait qu'un livre est réedité et pas un autre, sachant que les deux sont épuisés ? Je songe, par exemple, aux premières intégrales de Conan et à Suprème Power, réediter en Deluxe, par exemple.
- Je sais que c'est un souci qu'ont beaucoup de gens avec Panini, et que je compte aborder avec la direction la prochaine fois que je les rencontrerai (peut-être à Japan Expo). J'ai déjà fait la remarque que certains volumes se retrouvaient à prix d'or sur eBay et que ça pouvait donc être un bon indicateur qu'il faut en faire une réédition. Le département qui s'occupe de ça est en pleine restructuration, cela dit, il faudra donc attendre quelques mois pour voir comment ça peut évoluer.
- Le Net est petit, encore plus quand on parle de comic books, tu as du entendre parler du Cercle. Qu'est-ce qui se dit chez Panini de cette initiative ?
- Non, je n'ai pas entendu parler du Cercle. C'est quoi ?
- Le but est de faire avancer les choses. Les problèmes de traductions, les Deluxe qui n'ont plus vraiment de bonus et qui n'ont de Deluxe plus que le nom, etc...
- Je dis toujours que le meilleur moyen de se faire entendre, c'est d'écrire. Ca n'est pas parce que vous n'avez pas de réponses que vos lettres ne sont pas lues. Je fais souvent remonter des informations en disant "pas mal de lecteurs pensent que...", mais c'est toujours plus efficace quand ça vient directement de vous. Et je sais de source sûre que les commentaires de la page Facebook sont parfois lus par des gens placés au-dessus de moi. Si le Cercle consiste en un genre de "collectif de râleurs" (je dis ça pour la blague, hein), ça peut effectivement être utile, si les critiques sont mesurées et qu'on ne jette pas bébé avec l'eau du bain. Je passais hier sur le blog de Neault (tu vois sans doute qui c'est) et ses articles tournent maintenant bien souvent à un démontage en règle de Panini, assez agressif, j'ai trouvé. Je peux dire que son blog a à un certain moment attiré l'attention des pontes, mais que le systématisme des attaques a fini par produire l'effet inverse, ce qui est dommage, parce que certaines de ses critiques sont tout à fait pertinentes. Mais il a maintenant tendance à faire un one-man-show d'une faute de frappe... Je caricature.
Concernant les exemples que tu cites, je ne m'exprimerai pas sur les traductions : étant moi-même un traducteur (et étant en général épargné par les critiques des internautes), je me refuse à évoquer le travail de mes collègues, en bien ou en mal.
Pour l'histoire des Deluxe, je sais d'où vient le débat, c'est le cas du dernier volume Authority. Distinguons deux choses : Le cas Authority, sur lequel je veux bien revenir, et le cas de la collection Deluxe en général.
Les albums Deluxe comptant des bonus se comptent sur les doigts d'une main. Ca n'a jamais été l'aspect principal de la collection, qui consiste à proposer le meilleur des comics de ces dernières années dans une collection luxueuse (beau papier, couverture cartonnée). J'ai bien conscience que certains choix marketing comme le cas Ultimates 2 ont dégradé l'image de la collection, et c'est une info que j'ai aussi fait remonter, mais accuser toute la collection de manquer de bonus me paraît un faux procès, parce que ça n'a jamais été l'atout principal de la gamme, à part peut-être au cours de sa première année. Et d'un point de vue personnel, j'ai toujours pensé que le plus important pour les gens c'était la BD et pas les bonus, mais je peux me tromper.Après, il y a le cas Authority, où il y a effectivement un regrettable incident de parcours, l'utilisation d'une formule un peu excessive sur le 4e de couverture. Pour l'expliquer (pas pour l'excuser), je refais l'historique : Le projet Authority Deluxe est passé par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel au sein du programme éditorial. Il devait au départ être directement adapté de l'Absolute américain et contenir une quarantaine de pages de bonus en plus, pour l'essentiel des pages de scripts tirées du premier épisode, si mes souvenirs sont bons. Le prix aurait été celui d'un Starman, sans doute, et il a été jugé que le projet n'était pas le plus adapté pour la série, et qu'il valait mieux se passer des bonus pour une édition Deluxe "simple". Dans la dernière ligne droite, il a tout de même été décidé d'intégrer quelques pages parmi les bonus de l'Absolute, celles qui sont dans l'album.
Les textes de présentation pour les librairies sont préparés très, très en avance. Nous travaillons sur les sorties de Noël, pour te dire. Ce qui s'est sans doute passé, c'est que le texte de 4e a été écrit pour désigner l'album tel qu'il devait être au départ (la version Absolute) et qu'il est passé entre les gouttes lors du changement. Ou qu'il a été changé, puis rechangé lorsqu'on a ajouté les quelques pages de bonus, sans qu'on réalise que la formulation était devenue excessive.
Encore une fois, ça n'est pas une façon d'éluder la question : Cette faute sémantique est évidemment regrettable, et nous sommes les premiers à en être contrariés. Moi-même, je trouve ça rageant : Voici réunis pour la première fois les douze épisodes du run Ellis / Hitch dans un album que je voyais comme incontournable pour les fans de comics, j'étais content de ma traduction, et on ne parle que du fait que l'édition ne "regorge" pas de bonus, jusque dans la presse. Alors que si nous avons fait l'impasse sur les dits bonus, c'est qu'ils nous avaient parus assez dispensables. L'emballage cellophane n'aide pas, dans ces cas-là, forcément.
Nous nous excusons donc auprès de ceux qui se sont sentis floués dans l'histoire, en espérant que malgré la déception qu'ils ont eue au niveau de la valeur ajoutée, ils ont apprécié cette nouvelle édition des douze épisodes. Pour ma part, j'espère qu'on fera la suite en 2011... ou pourquoi pas, les StormWatch "prologues" à la série. Et je suis à peu près sûr qu'on fera attention à l'emploi du thème "regorger" à l'avenir.
Ouh, c'était long comme réponse.
- Les premiers Deluxe contenaient des bonus et dans l'introduction présentant la gamme, il y a marqué : Chaque album rassemble la production d'une année, agrémentée de bonus divers et variés : couvertures... Du coup, personnellement, je ne dois pas être le seul, je les cherche. Mis à part cela, j'ai lu sur le blog d'un ami que Powers tome 7 contenait 47 pages de bonus en V.O.et la V.F. aucune.
Bon exemple de ce qui peut m’agacer. Voilà un album à 15 Euros pour 224 pages, alors que le « plafond » pour les albums de type 100% est plutôt de 170 pages. Et plutôt que de parler de ça, on préfère parler de 50 pages de bonus « manquantes » (qui, entre parenthèses, sont constituées en majorité par le script du premier épisode, celui où les singes font groink groink). Ajouter ces bonus aurait sans nulle doute fait passer l’album dans une tranche de prix bien plus supérieure, étant donné l’effort qui a déjà été fait, sans doute cinq à dix euros de plus. Pour une série qui a du mal à trouver son public, ce serait un peu risqué, non ? Le marché français, même s’il se porte bien, n’est pas le marché américain, le coût des bonus n’en vaut pas toujours la chandelle, surtout quand ils nous paraissent bien dispensables. Je réalise que certains fans sont à l’affût de ces bonus, mais permettez-moi de vous dire que vous êtes une minorité : Pour l’immense majorité de notre lectorat, l’essentiel c’est que l’album contienne l’histoire promise, tout comme l’immense majorité des acheteurs de DVD ne regardent pas les bonus. Ce qui ne nous empêche pas d’en glisser à l’occasion, mais à côté de ça, je vois parfois des messages de lecteurs (coucou, Yannzed) qui vont refuser en bloc un album à paraître parce qu’il fait dix pages de moins que son équivalent US. Que contiennent ces dix pages de bonus ? Sont-elles intéressantes ? Peu importe ! Si nous ne reprenons pas l’intégralité de l’album, c’est une trahison. Ça me paraît extrême, comme comportement. En revanche, personne n’ira remarquer que l’album Preacher : Dead or Alive recueillant les commentaires d’Ennis et Fabry sur les couvertures de la série est intégré directement au fur et à mesure des albums VF. Ça, même les américains n’y ont pas eu droit.
Pour ce qui est des Deluxe, tu dis la même chose que moi : Les premiers contenaient des bonus plus conséquents, lorsque la gamme était moins fournie et les albums plus rares. Ils ne sont pas plus nombreux que les doigts d’une main, je disais, sur une cinquantaine de volumes composant désormais la gamme. Le texte d’introduction de l’époque reflétait une réalité de l’époque, et je te concède qu’il faudrait peut-être penser à le nuancer. Les bonus, même peu nombreux comme quand il s’agit des couvertures, sont néanmoins souvent présents, et le texte de présentation n’est pas en 4ème de couverture comme ça a été le cas sur Authority, cela me paraît donc moins grave.
- Milady Graphics, acteur encore réçent dans les traductions de comic books, sort régulièrement des livres de qualité avec nombre de bonus. Qu'est-ce qui fait, comme pour le Authority que tu cites plus haut, que l'on doive faire l'impasse sur les bonus dans d'autres cas ?
- Je n'ai rien lu de Milady Graphics, je ne connais pas leurs produits et ça me paraît une comparaison un peu absurde, il y a une réalité de l'entreprise : Une petite entreprise qui n'a que quelques sorties pour se faire un nom apporte un soin tout particulier à ses parutions, tandis que dans une grosse boîte comme Panini, produisant la masse de nouveautés qu'elle produit chaque mois, il est quasiment inévitable que des erreurs passent entre les gouttes. Si demain, Milady devait assurer toute la production Panini, ils n'y arriveraient pas, en tout cas pas sans le même genre d'accidents. Et je suis sûr que plein de gens trouveraient aussi à redire sur leurs parutions.On ne parle que des albums qui font débat, mais pour la majorité des titres qui sortent, il n'y a rien à dire... donc on n'en parle pas, c'est la dure loi d'Internet. Et je sais que ça va avec la situation de quasi-monopole qui est la nôtre. Je trouve juste dommage que parfois, les petits soucis prennent le dessus sur des initiatives dont j'aimerais qu'elles soient plus largement relayées, comme, on en parlait à l'instant, la décision de présenter l'arc "Forever" de la série Powers en intégralité dans un unique album surdimensionné (plus de 200 pages pour 15 Euros).
On peut dire la même chose des traductions, d'ailleurs : La bonne traduction passe inaperçue, donc on n'en parle jamais...
- La suite de Simon Dark est-elle prévue ?
- Un deuxième volume de Simon Dark est prévu pour décembre.
- Il n'y avait pas une dernière intégrale Kabuki qui devait sortir ?
- Pour Kabuki, les ventes n’étaient pas au rendez-vous, loin de là. Nous aurions aimé poursuivre l’aventure, mais parfois la réalité du marché est ce qu’elle est.
- J'ai lu sur Buzz Comics que tu avais été au festival de Strasbourg avec je cite "une fille enceinte" donc mes félicitations et merci Jérémy pour cet entretien.
Publié en 2005 dans la collection Semic Book, l'intégralité de cette BD est réalisée par Paul Chadwick. Tout comme le premier tome, il s'agit d'un récit complet. Le premier abordait le monde des produits dérivés et la célébrité. Celui-ci se consacre au cinéma et à ses dérives. 
