samedi 28 mars 2009
MAUS : Petite analyse d'une grande oeuvre.
Si vous vous aventurez plus avant dans cette chronique, il est conseillé d'avoir lu le livre. Auquel cas, c'est à vos risques et périls... Maintenant cela pourrait bien également vous donnez l'envie de vous le procurer !
Ce livre existe en deux volumes, en deux volumes avec coffret ou bien encore en intégrale. Le tout est sorti, en noir et blanc, chez Flammarion. Le fait qu'il n'y ait pas de couleurs permet de mieux apprécier le boulot fournit par Spiegelman. Ce qu'il a fait se révèle très travaillé et très appliqué. Sur le devant de la jaquette, deux souris, le père et la mère. En arrière plan la croix gammée avec le visage d'Hitler sous les traits d'un chat (le prédateur naturel de la souris). Au dos de la jaquette, une mini carte de Rego Park (New-York), une carte géographique d'époque ainsi que le fils attentif qui écoute son père, assis sur un sofa.
Traduction : Judith Ertel
En allemand, Mäuse signifie "souris", en américain, Mouse, signifie le même mot. On a donc ici, deux orthographes différents pour une prononciation plus ou moins similaire. Ce livre a été récompensé à plusieurs reprises à travers les années. Art Spiegelman (A l'ombre des tours mortes, Breakdowns...) va narrer l'histoire de son père Vladek, durant la seconde guerre mondiale, quand la Pologne était sous le joug de l'Allemagne nazie. A la manière de Jean De La fontaine, il utilisera des animaux (des grenouilles, etc...) pour arriver à ses fins. L'idée de se servir des souris pour son récit vient probablement d'un texte extrait d'un journal datant des années 20 et critiquant vertement celui qui deviendra un des symboles de l'Amérique : Mickey Mouse !
La première partie s'intitule "Mon père saigne l'histoire" et elle se situe de 1930 à fin 1944. Elle est dédiée à sa mère Anja qui s'est suicidée (Arthur s'est senti un temps responsable).
La seconde partie se nomme "Et c'est là que mes ennuis ont commencé" et va de Mauschwitz aux Catskill et au-delà (entendez jusqu'au décès du père). Elle est dédiée à grand son frère mort pendant la guerre et qu'il n'a pas connut. Ainsi qu'à Nadja et Dashiell.
Extraits :
"Enfermez-vous tous une semaine dans une seule pièce sans rien à manger...alors tu verras, ce que c'est les amis !" Vladek, le père (après la guerre). Le fils, agé de 10 ans, n'a pas connaissance de ce qu'à vécu son père mais déjà cela a une influence indirecte sur lui. Le traumatisme du père est flagrant et va marquer son entourage. Il fait d'ailleurs tout lui-même pour économiser un sou (alors qu'il a de l'argent) car dans les camps de concentrations ou les camps de prisonniers, tout avait de la valeur.
Une chose est surprenante, on a droit à toute la vérité, même si les clichés négatifs que l'on entend traditionnellement sur les juifs doivent être dit. Arthur dit d'ailleurs :"Sur certains points, il est exactement comme les caricatures racistes du vieux juif avare."
Bien qu'étant une victime du racisme, son père est raciste.
Son père, jeune, était très interressé par l'argent, le fait que les parents de sa femme soit très riche était en soi un critère important.
Rien n'est fait pour enjoliver l'image du père et c'est ce qui rend ce récit si authentique ! Autre particularité, je ne sais pas si c'est dû à la traduction ou s'il parle comme cela dans la version originale mais il a un phrasé "assez semblable" à celui de Yoda (Starwars).
Ce comic explique le déroulement lent et méthodique du nazisme, sa progression dans le quotidien. On aura droit à une partie des horreurs perpétrées, celles extraites des souvenirs du père. C'est un livre-témoignage, c'est aussi la mémoire de l'histoire de la famille Spiegelman.
Un chef d'oeuvre incontournable !
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13 commentaires:
Par contre c'est quand même très mal dessiné, et là ce n'est pas juste une question de style, c'est objectivement à chier. Bien sûr le propos l'emporte mais, tout de même, une BD cela doit être aussi un aspect visuel correct qui, ici, est loin d'être atteint.
L'auteur aurait pu prendre un vrai dessinateur... et si c'est "fait exprès", c'est encore pire car la forme est rendue repoussante par pur snobisme (on peut faire dans le genre "laid" pour symboliser quelque chose mais ici c'est plus de la maladresse qu'une laideur stylisée).
Illisible pour moi, mais bon, y'en a qui aiment.
Un exemple de planche ici pour ceux qui ne connaissent pas :
http://www.bdselection.com/php/chroniquebd-1679_Maus.html
J'aime assez mais c'est de l'underground, ça a toujours été spécial (je le concède sans problème)! Spiegelman, Corben, les livres de Pékar et quelques autres encore...
Au fait t'a récupéré le Dredd d'Ennis ? Punisher la fin (d'Ennis et Corben) ?
T'en a pensé quoi ?
Le Dredd oui, pas trouvé extraordinaire. Par contre le Punisher que j'avais commandé a été annulé, je ne l'ai pas trouvé d'occasion non plus, faudra que je regarde de plus près.
C'est dommage c'est celui qui m'intéressait le plus.
Et sinon, "underground" ça veut pas forcément dire "je dessine avec les pieds" hein, sinon moi aussi j'en fais dès demain de l'underground. ;o)
- Elle est bien ta BD mais les dessins, bof... pas terribles hein ?
- C'est de l'underground.
- Ah bon ? C'est quoi ?
- Quand tu sais pas dessiner tu dessines quand même et tu prétends que c'est un genre, que tu te rebelles contre la vision étroite des éditeurs mainstream qui imposent des codes uniformisés qui nient le concept même d'oeuvre artistique.
- Ah... et en vrai ?
- Ma mère a jamais voulu me payer des cours de dessin. J'avais piano à la place.
- Et tu joues bien du piano ?
- Ben... underground quoi.
Pour le Judge Dredd, ce n'est pas mon préféré mais il demeure honnête. J'ai supposé que tu le prenais pour Ennis.
Maintenant l'underground, c'est des mecs qui finance leurs propres comics, parfois ils font tout, du scénar au dessin en passant par je ne sais quoi d'autre encore.
Corben ou Crumb, par exemple, c'est vraiment spécial pourtant leurs livres côtent à mort. C'est des styles à part, reconnaissables entre tous. Après, on accroche ou on accroche pas.
Chanter faux c'est pas un style, c'est chanter faux. Faire des dessins de merde, c'est pas un style non plus, même si certains tentent d'ériger le n'importe quoi en art.
Après, tu peux avoir des styles très dépouillés ou vraiment particulier (comme Templesmith par exemple) ou là effectivement, tout le monde n'apprécie pas mais l'on peut reconnaître du talent et une réelle maîtrise. Mais dessiner une main comme le ferait un enfant de cinq ans, je suis désolé, c'est de la merde, pas un style un peu âpre.
Moi je joue du piano comme Spiegelman dessine, mais ça m'étonnerait que les gens, en m'écoutant, se disent "tiens, il a un style à part." ;o)
Bon, après, si ça se vend, tant mieux pour les escrocs, y'en a bien qui pensent que Joey Starr est un artiste...
On s'habitue à tout, regarde les gosses aiment bien Bob l'éponge et pourtant j'aime pas les dessins.
L'underground a peu de clients, les dessinateurs s'aventurent à faire toutes sortes d'expériences. Tous ne sont pas bon, je te l'accorde.
Sur le lien que tu as mis, on voit que c'est travaillé. Y a plus de décor que dans Preacher et c'est bien mieux que du Dillon ! L'encrage semble imparfait pourtant il est adéquate. Sur la case du milieu, il y a moins de noir, l'ambiance est au présent. Les hachures qui paraissent non fini sur les autres donnent un bon rendu, je trouve.
C'est justement PAS une question d'aimer ou pas les dessins mais de constater s'il y a ou non le strict minimum de travail et de savoir-faire. Tu me fais penser à ces "vedettes" de la télé qui "écrivent" des bouquins et qui pensent que leurs bouses sont mal jugées parfois parce que les critiques ont des "goûts" différents...
On ne parle pas de la même chose.
Mais PAS DU TOUT.
Tu penses que tu parles du plat que l'on te sert alors que, perso, je te dis que les assiettes ne sont pas propres.
Mais bon, encore une fois, y'en a à qui ça convient. Tant mieux d'ailleurs, sinon on ne saurait pas quoi faire de tous ces "auteurs" au rabais. Moi, si y'a pas l'hygiène élémentaire, ça me fout la gerbe.
En cuisine comme en art.
MacDo, Ikea, Spiegelman, je veux bien, mais par pitié, évitons de se branler collectivement le haricot comme si c'était des merveilles. C'est de la mauvaise cuisine, des meubles au rabais et de l'art du pauvre.
Et le moins excusable est le dernier.
J'en reste là parce que je vais devenir (encore plus) désagréable.
;o)
(ceci dit, c'est bien dans l'air du temps, moi c'est travaillé et maîtrisé, plus ça a de succès... ;o))
"moins" pas "moi" dans la dernière phrase. Désolé.
en tout cas, perso, j'aime bien.
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Tes arguments se tiennent Neault, mais franchement, dans mon souvenir, le dessin de Spiegelmann n'est pas si mauvais que tu le dis : il y a dans le cadrage, la composition des cases et son encrage un investissement bien supérieur à celui que pourrait faire un artiste au rabais. Je me souviens d'une page où Art se dessine de plus en plus petit, comme s'il croulait sous le poids de responsabilités de plus en plus grandes.
Certes, c'est avant tout le propos qui compte, mais l'impact de ce livre a été énorme, et pourtant je suis avant tout sensible aux dessins - c'est un peu comme pour les chansons, il faut d'abord qu'il y ait une mélodie qui m'interpelle avant que je commence à apprécier le texte.
Après, il faut savoir que je l'ai lu pendant un stage d'Histoire et que j'ai pu en discuter longuement. De nombreux points sont ainsi sujets à caution, mais le livre rejoint quelques témoignages peu connus de rescapés des camps. Enfin, le plus émouvant là dedans, ce n'est pas la tragédie humaine, mais bien cette formidable histoire d'amour. Elle est aussi belle que poignante. Il fallait aussi le souligner.
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